Paralleli
Lugete, o Veneres Cupidinesque,
et quantumst hominum venustiorum.
Passer mortuus est meae puellae.
passer, deliciae meae puellae,
quem plus illa oculis suis amabat:
nam mellitus erat suamque norat
ipsam tam bene quam puella matrem:
nec sese a gremio illius movebat,
sed circumsiliens modo huc modo illuc
ad solam dominam usque pipiabat.
Qui nunc it per iter tenebricosum
illuc, unde negant redire quemquam.
At vobis male sit, malae tenebrae
Orci, quae omnia bella devoratis:
tam bellum mihi passerem abstulistis.
O factum male! o miselle passer!
tua nunc opera meae puellae
flendo turgiduli rubent ocelli.
(Gaio Valerio Catullo)
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J’eus en tete un souffreteaux oiseau bizarre
qui chantait mieux que les sources, que les bois
(dont nous amions pourtant les solennelles voix)
oiseau mélancolique et quelquefois hilare.
Pour sa faiblesse il me fallait etre bien clos
contre le froid, l’air sale et pluvieux des villes.
En des fleurs il restait près du feu qui rutile
quand l’hiver déroulait ses désolés tableaux.
Hélas j’ai trop ouvert la fenetre et la porte
J’ai cherché l’action, le plaisir, mots obscurs
Quelqu’un était entré, mortel à ses yeux purs.
Qui donc était entré? La bete chére est morte.
Qui donc était l’oiseau? Quelle céleste flamme
S’est éteinte, m’a délaissé pour le soleil
Quelquefois, en sursaut réveillé du sommeil
qu’est notre vie, je me dis: “C’était mon ame”.
L’oiseau sacré c’est notre poéte, notre ame
Notre ame est poésie. Hélas l’oiseau s’est tu!
Somnambules plaintifs caressés ou battus
vers quel but courons-nous, oublieux de notre ame?
(Marcel Proust)